09/10/2010
France

Irrigation : FNE s’oppose la remise en cause de la loi sur l’eau

Le 28 août dernier, le Président de la République déclarait aux agriculteurs : "J’ai demandé un moratoire sur les obligations environnementales qui vous sont imposées".
Depuis, les attaques en règle contre la loi sur l’eau 2006 se
multiplient. FNE s’inquiète d’une dérive possible. Les dernières
demandes en date de l’APCA, organisme regroupant les chambres
d’agriculture, sont inacceptables. Explications.

L’APCA refuse une gestion collective de la ressource en eau
– L’APCA demande, dans sa délibération du 21 septembre 2010 (votée à
l’unanimité), des financements publics pour construire des retenues
d’eau, mais refuse toute contrainte environnementale, alors que
l’agriculture représente 80 % de la consommation en période estivale et
met à sec des dizaines de milliers de kilomètres de rivières, comme en
Poitou-Charentes. Elle refuse également toute planification de la
gestion de l’eau, et souhaite donc un retour à la gestion par arrêtés
"sécheresse", politique inefficace qu’ont fustigé le Conseil d’État puis
la Cour des comptes en 2010. Elle ajoute que, soit elle obtient gain de
cause, soit elle ne participera pas à la gestion collective de la
ressource en eau. Pour FNE, l’évolution de l’agriculture vers des
pratiques moins gourmandes en eau est une nécessité et la gestion
collective et planifiée par volumes prélevables est un bon outil. "Les
retenues de substitution ont été présentées à la Commission européenne
comme un outil de gestion planifiée de la ressource en eau, ce qui a
permis à la France de justifier d'importants financements publics. Si
ces retenues ne sont plus associées à une gestion par volumes
prélevables, comme le demande l’APCA, l’argument tombe et l’Europe
pourrait bien considérer que ce financement génère une distorsion de
concurrence"
, analyse Bernard Rousseau, responsable des politiques de l’eau à France Nature Environnement.

La facture très lourde de l’agriculture productiviste
Cette facture envoyée aux contribuables s’ajoute au coût de traitement
de l’eau potable qu’il faut débarrasser des nitrates et des pesticides,
aux subventions par le biais de la Politique agricole commune, au coût
de ramassage des algues vertes en Bretagne, aux écosystèmes dégradés,
aux coûts pour la santé humaine d’une agriculture à base de pesticides.
La facture totale de l’agriculture productiviste est très élevée pour
nos concitoyens.  Pour Jean Claude Bévillard, responsable des politiques
agricoles à France Nature Environnement, "Si les Français peuvent
comprendre qu’il faut aider le secteur financièrement, ils ne sont
certainement pas prêts à payer aussi cher pour des pratiques qui posent
autant de problèmes aux niveaux environnemental et sanitaire. D’autant
que des pratiques alternatives existent. De nombreux agriculteurs ont
adopté des pratiques plus durables."

FNE demande donc au gouvernement de ne pas céder aux injonctions du
lobby de l’agriculture productiviste. Reculer sur la loi sur l’eau et
notamment sur la gestion collective et planifiée de l’eau serait
désastreux pour l’état de nos ressources et insupportable économiquement
pour les français. Par ailleurs, si le secteur agricole est conforté
dans des pratiques non durables, la France risque d’avoir à payer des
pénalités financières à l’Europe pour non respect de la directive cadre
sur l’eau.

France Nature Environnement – 08-10-2010